Méthode Miyawaki et micro-forêts urbaines

Qu’est-ce qu’une micro-forêt urbaine ?

Une micro-forêt est à distinguer d’arbres ornementaux, plantés le long des rues par exemple, ou bien de parcs de promenade. Il s’agit d’une plantation de végétaux sur une surface relativement faible et dont la densité dépend des méthodes de gestion.

Pourquoi créer des micro-forêts urbaines ?

L’arbre en ville est une thématique de plus en plus présente dans la gestion des espaces urbains. Et pour cause, cette végétation urbaine est source de nombreux bienfaits biologiques, sociaux ou encore économiques. La végétation apporte ombre et fraîcheur en été en limitant l’effet d’îlot de chaleur, offre des lieux de promenade, augmente l’esthétisme des rues.  Elle permet également d’augmenter la qualité de l’air en filtrant certaines particules et composés chimiques, d’atténuer le bruit urbain et de préserver la faune. Tous ces services rendus à l’homme par la végétation ont été théorisés et font partie de ce que l’on appelle les services écosystémiques.

Les services écosystémiques se divisent en quatre catégories :

  • d’approvisionnement (alimentation, matières premières…)
  • de régulation (climat, inondation…)
  • de support (formation des sols, cycles géochimiques…)
  • socioculturels (qualité de vie, espaces de détente…)

Pour résumer, la végétalisation des milieux urbains répond à deux enjeux majeurs intrinsèquement liés auxquels font face les villes aujourd’hui :

  • Augmenter la résilience des villes au changement climatique
  • Préserver la biodiversité locale     

Or, les milieux urbains sont de prime abord peu propices à la plantation d’arbres : le manque de place étant le principal facteur limitant. Une solution à la végétalisation des milieux urbains est la création de micro-forêts !

Qu’est-ce que la méthode Miyawaki ?

Akira Miyawaki, botaniste japonais, est à l’origine de cette méthode de génie écologique. Il l’a développée dans les années 1970 après avoir constaté que les espèces indigènes sont sous représentées dans les forêts japonaises. La méthode Miyawaki a pour but de restaurer des forêts primitives sur des terrains soumis à de fortes contraintes (faible surface, appauvrissement des sols, relief…). Une surface de 100 m² est suffisante pour créer un écosystème forestier résilient. La méthode suit les grandes lignes suivantes :

  1. Analyse du terrain. Le terrain est analysé pour connaître la qualité du sol et sa topographie.
  2. Identification et sélection des espèces indigènes. Les futures espèces sont ensuite sélectionnées. La méthode Miyawaki préconise l’utilisation d’espèces locales ; elles sont plus résilientes et permettent de restaurer la biodiversité locale. Les graines sont également prélevées sur des zones proches de celle de la plantation.
  3. Préparation des plants. Les jeunes plants sont élevés en pépinière pendant un ou deux ans pour atteindre une hauteur d’environ 30 cm. Pendant ce temps, le terrain doit être préparé pour accueillir la plantation. Il est aéré et enrichi en matière organique selon les besoins.
  4. Plantation dense et aléatoire. Une fois la maturité des plants atteinte, ils sont plantés de manière dense et aléatoire sur le terrain. Ce schéma de plantation permet de se rapprocher au mieux d’une dissémination naturelle des espèces.
  5. Entretien. La micro-forêt doit être entretenue pendant environ trois ans (désherbage, arrosage selon les saisons). Au-delà, la micro-forêt est suffisamment développée pour s’auto-gérer, l’écosystème est en place !

Qu’est-ce qui distingue la méthode Miyawaki des méthodes de plantation classiques ?

On qualifie ici de méthode classique, les méthodes de plantation ornementales utilisées dans les espaces urbains ainsi que les méthodes traditionnelles de sylviculture.

  1. L’importance de la sélection d’espèces locales. Cela n’est pas nécessairement exclu des projets de plantation classiques mais est indissociable de la démarche de Miyawaki. Sa méthode repose sur le concept de végétation potentielle naturelle, qui correspond à la végétation théorique qui occuperait un territoire donné en absence de toute intervention humaine.
  2. Le schéma de plantation. Cette plantation dense et aléatoire s’oppose aux forêts plantées selon un quadrillage. Elle permet de créer une synergie entre les espèces, facilitant leur croissance. Le phénomène de sélection naturelle s’applique alors et permet d’augmenter la résilience de l’écosystème final.
  3. Un projet participatif. La reforestation par la méthode de Miyawaki mobilise les populations locales. Les habitants et volontaires sont invités à participer lors des étapes de plantation et d’entretien. Cela permet à chacun de renouer avec la biodiversité de son territoire. Confier la plantation aux enfants permet notamment d’obtenir une plantation aléatoire et ludique. Peut-être aurez-vous la chance de participer à la création d’une micro-forêt proche de chez vous !
Une plantation à Yokohama en mars 2003 encadrée par Akira Miyawaki (à genoux à droite).

La reforestation peut être vue comme une pièce de théâtre : les botanistes écrivent le scénario, les gouvernements et entreprises sont les producteurs et les habitants, ainsi que les écoliers, sont les comédiens. Ils ont tous la possibilité de jouer un rôle dans le reboisement de leur territoire !

Miyawaki A., A philosophical basis for restoring ecologically functioning urban forests: Current methods and results, 2008

La méthode en quelques chiffres

  • Un écosystème forestier stable est atteint au bout de 30 ans là où 200 à 300 ans sont nécessaires par les méthodes classiques.
  • Une biodiversité jusqu’à 20 fois plus riche
  • 2000 forêts plantées dans le monde suivant cette méthode
Micro-forêt à Yokohama, au moment de la plantation
 Micro-forêt à Yokohama, 30 ans après.

Perspectives pour Horizon d’Ailes

Cette méthode de reforestation a fait ses preuves dans de nombreux pays. Sa capacité à créer des écosystèmes forestiers stables en un temps relativement court peut être un élément clé dans la lutte pour la protection de la biodiversité dans les villes, ainsi que dans leur adaptation au changement climatique. La création de micro-forêts urbaines est une action a potentiel d’impact élevé sur laquelle nous travaillons !


Bibliographie

Urban Forests
Miyawaki A., A philosophical basis for restoring ecologically functioning urban forests: Current methods and results, 2008
Permafforest, Qu’est-ce qu’une forêt urbaine ou une micro-forêt ?, 2020
Semeurs de forêt, La Méthode Miyawaki, 2019

 

2 Responses

  1. […] un bon exemple de service écosystémique (Cf. notre article sur la méthode miyawaki : https://horizondailes.com/2021/02/22/la-methode-miyawaki-pour-la-creation-de-micro-forets-urbaines/), les collectivités d’Annecy ont pris soin de leur environnement et notamment du lac en le […]

  2. […] Méthode Miyawaki et micro-forêts urbaines , Horizon […]

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