Qu’est ce que le concept One Health ?

Biodiversité et épidémies

Les épisodes de pandémies se succèdent et vont s’amplifier dans les années à venir si nous ne changeons pas notre manière d’agir et que nous ne revoyons pas notre rapport à la Nature.

L’économie, la politique, la vie sociale mais surtout l’humanité et la biodiversité paient le lourd tribut de notre exploitation intensive et exponentielle de nos écosystèmes. Notre planète est arrivée à un point de rupture qui se manifeste par des catastrophes écologiques, climatiques mais aussi par l’émergence de nombreuses maladies humaines, certaines étant zoonotiques (maladies infectieuses qui se transmettent de l’animal à l’homme par contact direct ou indirect avec l’animal).

La perte de la diversité des espèces sauvages et l’altération de la résilience des écosystèmes favorisent le passage des agents pathogènes de l’environnement à l’homme, avec souvent les animaux domestiques comme intermédiaire. L’augmentation des interfaces, entre faune sauvage et faune domestique, liées à notre exploitation des terres et à l’étalement urbain favorisent en outre les contacts à risque.

Qu’est-ce que le concept One Health ?

Différents termes sont retrouvés dans la littérature scientifiques (1) :

– One Health
« Une seule santé ». Mais de quelles santés parlons-nous ? De la santé humaine, de la santé animale et de la santé des écosystèmes. Ces trois piliers fondamentaux du concept One Health sont représentés par trois grandes organisations internationales : l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), et l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO).

– Ecohealth
« Écologie de la santé ». Ce terme désigne une approche plus axée sur l’identification des facteurs de risques environnementaux pour la santé humaine.

– Global Health
« Santé mondiale ». L’aspect pris en compte dans cette expression est l’interaction entre la santé humaine et l’évolution de nos sociétés, la mondialisation.

– Planetary Health
« Santé planétaire ». Notre planète ne présente pas des ressources illimitées. Notre exploitation outrancière de la Nature nous amène aux limites de ce que notre environnement est capable d’encaisser. Il faut aujourd’hui prendre en compte la santé de notre Terre.

Ces diverses formulations traduisent toutefois la même volonté de gestion intégrée de la Santé : la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes.

« Ce triangle crucial » doit être pris en considération si l’on veut prévenir les épidémies futures.

Source: Modifié d’après Assmuth et al. (2019). Note: Le concept One Health s’est, au cours du temps, rapproché du concept Ecohealth en devenant plus inclusif.
Source : D’après Brugère-Picoux, J., Angot, J.-L., (2020). Biodiversité et maladies émergentes. BAVF 173. 11pages https://doi.org/10.3406/bavf.2020.70913

Limites de ce concept 

Malgré l’ambition louable de cette approche, existante depuis plus de 20 ans, aujourd’hui seule la santé humaine est réellement considérée. Aucune politique ou programme concret d’intégration au sein d’un même organisme international de gestion n’a vu le jour, afin de combiner les divers outils sanitaires de chaque discipline (médecine humaine, médecine vétérinaire et écologie).

Cette volonté de prévenir les nouvelles crises sanitaires qui se profilent et de rétablir un équilibre et une santé des écosystèmes, reste pour le moment une vague promesse qui n’a donné le jour à aucune action malgré les nombreux débats et conférences qu’elle suscite.

Le sophisme selon lequel une analyse des facteurs de risques environnementaux pour la santé humaine répond aux attentes de concept, traduit une incompréhension des volontés résidant derrière ce dernier.

Conclusion

Cette petite introduction au concept One Health est loin d’être exhaustive et ne souligne que quelques enjeux relatifs aux problématiques de la santé.

Si cette approche globale et écosystémique vous intéresse, nous vous proposons toute une série de références qui vont permettront d’aller plus loin !


Bibliographie :

Morand, S., Guégan, J.-F., Laurans, Y. (2020). De One Health à Ecohealth, cartographie du chantier inachevé de l’intégration des santés humaine, animale et environnementale. Iddri, Décryptage N°04/20.

Pour ceux souhaitant approfondir le sujet et comprendre les liens entre faune sauvage et émergence de maladies humaines nous mettons à votre disposition des ressources complémentaires :

SFEPM, (2020). Virus, coronavirus, Homme, faune sauvage et Chiroptères : quelles (premières) leçons tirer de la pandémie sur notre relation à la nature ?. Mammifères sauvages n°79-supplément, 16 pages.

Civitello et al., (2015). Biodiversity inhibits parasites: Broad evidence for the dilution effect. Proc Natl Acad Sci USA 112, 8667–8671. https://doi.org/10.1073/pnas.1506279112.

Schaub C. (2020). La crise du coronavirus est une crise écologique. Interview de S. Morand. Libération, Santé et Bio- diversité, 27.03.2020

Chris Bowler. La biodiversité et les écosystèmes à travers le temps et l’espace. Chaire annuelle Biodiversité et Écosystèmes, Collège de France, 4 février 2021. https://youtu.be/0nHJ-f3d6yY

Miguel, E., Grosbois, V., Caron, A., Pople, D., Roche, B., Donnelly, C.A., (2020). A systemic approach to assess the potential and risks of wildlife culling for infectious disease control. Commun Biol 3, 353. https://doi.org/10.1038/s42003-020-1032-z

Bolzoni, L. & G.A. De, Leo, (2013). Unexpected consequences of culling on the eradication of wildlife diseases: the role of virulence evolution. Am. Naturalist 181, 301–313.

Johnson, P. T. J. et al., (2013). Biodiversity decreases disease through predictable changes in host community competence. Nature 494.

IPBES (2019). Résumé à l’intention des décideurs du rapport de l’évaluation mondiale de l’IPBES de la biodiversité et des services écosystémiques. 60 pages. https://ipbes.net/sites/default/files/2020- 02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf [Consulté le 22/02]

IPBES (2020). Workshop on biodiversity and pandemics. Executive summary. 18 pages.

FRB (2020). Approche systémique des conséquences (avantages et inconvénients) de l’abattage de la faune sauvage comme méthode de gestion des maladies infectieuses. Synthèse d’article, 18.

IPBES (2020). Workshop on biodiversity and pandemics. Executive summary. 18 pages.

Serge Morand (CNRS-Cirad), (2020). Coronavirus : « La disparition du monde sauvage facilite les épidémies ». Marianne. 15 pages. https://www.marianne.net/societe/coronavirus-la-disparition-du-monde-sauvage-facilite- les-epidemies [Consulté le 04/01]

Le Monde, (2020). Il faut institutionnaliser le concept “One Health” pour prévenir de nouvelles épidémies à l’échelle mondiale. 3 pages. Disponible sur :

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/10/il-faut-institutionnaliser-le-concept-one- health-pour-prevenir-de-nouvelles-epidemies-a-l-echelle-mondiale_6059242_3232.html

Bawa, K.S., Nawn, N., Chellam, et al. (2020). Opinion: Envisioning a biodiversity science for sustaining human well-being. Proc Natl Acad Sci USA 117, 25951–25955. Disponible sur https://doi.org/10.1073/pnas.2018436117

Gibb, R., Redding, D.W., Chin, K.Q. et al. Zoonotic host diversity increases in human- dominated ecosystems. Nature 584, 398–402 (2020). Disponible sur : https://doi.org/10.1038/s41586- 020-2562-8

FRB (2021). Biodiversité et épidémies. Biodiversité et santé, Article. Disponible sur https://www.fondationbiodiversite.fr/biodiversite-et-epidemies/

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